Vidéosurveillance vs Vidéoprotection : Au-delà de la terminologie, comprendre les enjeux stratégiques pour votre organisation
- Marc FESLER
- 25 juil.
- 5 min de lecture

L'expertise CARINEL face à une confusion coûteuse
Dans le domaine de la sécurité physique et de la sûreté, nous observons quotidiennement les conséquences d'une méconnaissance des distinctions entre vidéosurveillance et vidéoprotection. Cette confusion apparemment anodine génère des erreurs stratégiques majeures : projets mal dimensionnés, non-conformités réglementaires, investissements inadaptés. Fort de notre expérience terrain auprès d'entreprises et d'institutions publiques, CARINEL propose une analyse pragmatique de ces enjeux, au-delà des définitions techniques habituelles.
La distinction réglementaire : bien plus qu'une nuance terminologique
Vidéosurveillance : l'espace privé sous contrôle juridique spécifique
La vidéosurveillance concerne les dispositifs installés dans des lieux non ouverts au public : réserves d'un magasin, entrepôts, copropriété fermée, bureaux, espaces strictement réservés au personnel. Cette distinction, introduite par la loi n° 2011-267 du 14 mars 2011 d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (LOPPSI 2), n'est pas qu'administrative.
Selon la définition jurisprudentielle citée par la CNIL, un lieu ouvert au public est "un lieu accessible à tous, sans autorisation spéciale de quiconque, que l'accès en soit permanent et inconditionnel ou subordonné à certaines conditions" (TGI Paris, 23 octobre 1986). A contrario, les réserves, entrepôts et bureaux restent des lieux non ouverts au public car leur accès nécessite une autorisation spéciale (badge, clés, habilitation professionnelle).
La vidéosurveillance relève principalement du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) et de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés.
Les implications stratégiques pour votre organisation :
Gouvernance simplifiée : inscription dans le registre des traitements de données que doit tenir l'employeur, sans autorisation préfectorale
Flexibilité opérationnelle : adaptation possible aux évolutions de votre activité sans lourdeurs administratives
Maîtrise des coûts : absence de frais liés aux procédures d'autorisation
Cette distinction détermine l'intégralité de votre démarche projet : de l'analyse de risque initiale jusqu'à la gouvernance opérationnelle.
Vidéoprotection : l'espace public sous haute surveillance réglementaire
La vidéoprotection filme la voie publique et les lieux ouverts au public : rue, gare, centre commercial, zone marchande, piscine, cinéma, agences bancaires (partie accueil du public). Ces dispositifs sont régis par les articles L251-1 à L255-1 du Code de la sécurité intérieure, issus de la LOPPSI 2.
La CNIL précise qu'un lieu ouvert au public comprend notamment "des établissements privés accueillant du public derrière un guichet (par exemple les agences bancaires), des commerces de détail, des centres commerciaux, des parties accessibles au public des établissements de soins (parkings et hall d'accueil par exemple)".
Les systèmes de vidéoprotection sont des traitements de données à caractère personnel régis par le RGPD et la loi Informatique et Libertés, mais avec des contraintes supplémentaires spécifiques.
Les enjeux organisationnels critiques :
Processus d'autorisation complexe : autorisation préfectorale obligatoire, après avis d'une commission départementale présidée par un magistrat
Contraintes de conservation : durée de conservation fixée par le préfet, sans pouvoir excéder un mois
Responsabilité étendue : engagement de votre organisation vis-à-vis de l'autorité préfectorale
L'évolution technologique redistribue les cartes
L'intelligence artificielle : révolution ou évolution ?
Les caméras dites « augmentées » sont des dispositifs vidéo auxquels sont ajoutés des traitements algorithmiques d'analyse automatisée d'images. Cette mutation technologique transforme fondamentalement la nature même de la surveillance.
Vidéoprotection algorithmique : L'installation et l'utilisation de caméras « augmentées » dans l'espace public restent pour l'heure interdites, sauf cadre expérimental spécifique. La loi n° 2023-380 du 19 mai 2023 relative aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024 autorise le recours à titre expérimental aux dispositifs de caméras augmentées jusqu'au 31 mars 2025.
Les zones grises qui coûtent cher
Notre expérience révèle des situations hybrides fréquemment mal appréhendées :
Le hall d'accueil avec porte ouverte : Conformément à l'article R252-3 du Code de la sécurité intérieure, si les caméras filment un lieu accessible à toute personne (hall d'entrée avec porte sans digicode ni interphone par exemple), le dispositif doit faire l'objet d'une demande d'autorisation uniquement pour les caméras concernées.
Les lieux mixtes : Un supermarché comprend une partie ouverte au public (espaces de vente) relevant de la vidéoprotection et une partie privée (réserve, bureau) relevant de la vidéosurveillance. La CNIL précise que "les lieux dont l'accès est strictement limité ne sont pas considérés comme ouverts au public" et "les espaces strictement réservés au personnel" relèvent de la compétence CNIL.
L'erreur stratégique commune : traiter l'ensemble du système selon le régime le plus contraignant, générant des surcoûts et des délais évitables.
La vision CARINEL : une approche intégrée de la sécurité
Au-delà de la technologie, repenser votre culture de sécurité
Contrairement aux approches techno-centrées, notre méthodologie place l'humain au cœur du dispositif. La distinction vidéosurveillance/vidéoprotection devient alors un levier d'optimisation organisationnelle.
Notre recommandation stratégique :
Segmentation fonctionnelle : traiter séparément chaque zone selon sa nature juridique
Gouvernance différenciée : adapter les processus de décision aux contraintes réglementaires
Formation ciblée : sensibiliser vos équipes aux spécificités de chaque régime
L'anticipation des évolutions réglementaires
L'article L251-1 du Code de la sécurité intérieure, modifié par la loi n° 2023-380 du 19 mai 2023 relative aux Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, reconnaît désormais explicitement la vidéoprotection comme un traitement de données à caractère personnel. Cette évolution majeure impose une réadaptation de vos processus.
Les nouveaux défis à anticiper :
Montée en puissance de l'IA dans la sécurité avec l'expérimentation des caméras "augmentées" jusqu'au 31 mars 2025
Application renforcée du RGPD aux dispositifs de vidéoprotection
Émergence de nouveaux cas d'usage technologiques nécessitant des adaptations réglementaires
Recommandations opérationnelles CARINEL
Pour optimiser votre démarche projet
Phase d'analyse :
Cartographier précisément vos espaces selon leur statut juridique
Identifier les zones de transition nécessitant une attention particulière
Évaluer l'impact des contraintes réglementaires sur votre timeline projet
Phase de conception :
Dimensionner votre architecture technique en fonction des régimes applicables
Prévoir les processus de gouvernance adaptés à chaque zone
Anticiper les évolutions technologiques dans votre cahier des charges
Phase de déploiement :
Mettre en place une gestion différenciée des autorisations
Former vos équipes aux spécificités opérationnelles de chaque régime
Organiser le suivi de conformité selon les exigences particulières
Vers une sécurité intelligente et conforme
L'évolution vers des systèmes plus intelligents est inéluctable. Les opérateurs de vidéoprotection sont convaincus qu'il leur faut cette intelligence artificielle pour optimiser leurs dispositifs. Notre rôle consiste à vous accompagner dans cette transition en maximisant les bénéfices tout en maîtrisant les risques.
Conclusion : faire de la complexité un avantage concurrentiel
La distinction entre vidéosurveillance et vidéoprotection n'est pas une contrainte administrative mais un levier de performance organisationnelle. Bien maîtrisée, elle vous permet d'optimiser vos investissements, d'accélérer vos projets et de minimiser vos risques de non-conformité.
Chez CARINEL, nous transformons cette complexité réglementaire en avantage stratégique pour nos clients. Notre approche méthodologique, fondée sur l'évaluation des risques, l'identification des solutions adaptées et l'accompagnement au changement, vous garantit une mise en œuvre efficiente et pérenne de vos dispositifs de sécurité.
La sécurité de demain se construit aujourd'hui, avec les bonnes distinctions et les bonnes expertises.
Cadre juridique de référence
Vidéosurveillance (lieux non ouverts au public) :
Règlement (UE) 2016/679 du 27 avril 2016 (RGPD)
Loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés
Code du travail : articles L1121-1, L1222-4, L2312-38
Vidéoprotection (voie publique et lieux ouverts au public) :
Code de la sécurité intérieure : articles L251-1 à L255-1 et R251-1 à R253-4
Loi n° 2011-267 du 14 mars 2011 d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (LOPPSI 2)
Loi n° 2023-380 du 19 mai 2023 relative aux Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024
Arrêté du 3 août 2007 portant définition des normes techniques des systèmes de vidéoprotection
CARINEL accompagne entreprises et institutions publiques dans leurs projets de sécurité physique et de sûreté. Notre expertise indépendante des fournisseurs vous garantit des solutions optimisées et conformes à vos enjeux spécifiques.
Pour aller plus loin : Contactez nos experts pour un accompagnement personnalisé dans l'adaptation de votre organisation aux nouvelles exigences légales.



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